Aïcha Macky, l'étoile montante du cinéma nigérien

 La cinéaste et réalisatrice nigérienne de renommée, Mme Aïcha Macky se fait à nouveau distinguée avec sa nomination parmi les membres permanents de l’Académie des OSCARS, une Institution basée à Los Angeles aux USA. Un sacre avec lequel elle hisse une fois de plus le cinéma nigérien à un niveau d’excellence, celui de le porter au niveau de la plus grande sphère du cinéma mondial.

Jamais le 7ème art nigérien n’a connu une telle consécration. Depuis que Mme Aïcha Macky y a mis le pied, le Niger est cité dans les plus grandes rencontres du cinéma mondial. Cette nomination comme membre permanent de l’Academy des OSCARS vient compléter une carrière cinématographique bien remplie.

En effet, comme l’explique elle-même la nominée, on devient membre de cette prestigieuse Institution par désignation de certains membres en place qui jugent de l’excellence, de l’engagement de la personne désignée. Ils en portent et défendent la candidature.

Mme Aïcha Macky siège donc désormais aux côtés de plus de 11.000 autres membres avec lesquels elle est appelée à juger et à classer chaque année les meilleures œuvres cinématographiques du monde soumis à l’Académie.

Cette consécration est sans nul doute la résultante de ses nombreux succès dans le domaine, enregistrés depuis qu’elle "a voulu changer le regard sur l’infertilité". En effet, rappelle-t-on, Mme Aïcha Macky s’est beaucoup plus illustrée dans le monde du cinéma avec la réalisation du documentaire "L’arbre sans fruit" qui retrace les difficultés des femmes qui ne peuvent pas procréer, une autobiographie sur un sujet tabou qui lui a valu une centaine de prix et de distinctions au niveau de tous les continents.

Tout a donc commencé avec "L’arbre sans fruit", son premier film professionnel, tourné en 2016, certes un carnet de vie, une lettre filmée adressée à sa mère morte en couche à laquelle elle confie sa situation de femme mariée sans enfant parmi les mères dans un pays où une femme a en moyenne 7.5 enfant. Mais, un film qui retrace le vécu de nombreuses femmes nigériennes qui n’ont pas pu donner la vie.

C’est sans doute pour avoir abordé un tel sujet que "L’arbre sans fruit" trouve toute son originalité et se voit distingué de nombreux grands prix. Mais le talent d’Aïcha Macky ne s’est pas arrêté à ce seul documentaire. Toutes ses réalisations ont, pour ainsi dire, fait montre de sa créativité et de sa vision d’un cinéma plus porté sur le réel, sur le vécu des hommes, en somme sur la réalité sociologique et intangible de l’humanité. Comme elle aime le dire,  « J'ai compris que pour me raconter et raconter le monde qui m'entoure, il me faut autre chose que la science puisque les documents qu'on produits ne sont pas accessibles à la majeur partie de la population du Niger qui est en majorité illettrées. Alors, je devais trouver la manière de nous raconter autrement que font les médias internationaux qui nous réduit à des statistiques, on compte nos morts et on raconte nos misères, j’ai choisi le cinéma pour mieux nous raconter dans nos langues locales et mon regard a complètement changé ! J’ai compris que l’humanité existe partout, il faut des yeux du cœur pour la sentir, pour la toucher, pour la voir. C’est ce qui manque souvent à ceux qui racontent nos histoires ».

Selon toujours la cinéaste, «  mais derrière ces chiffres froids et brutaux, il y a des vies, des rêves, des âmes, des histoires extraordinaires, des réalisations exceptionnelles, du succès, des exploits qui n’intéressent malheureusement pas les grands titres qui parlent de nous de loin, comme les loups de la fable de Lafontaine, ces figures terrifiantes mais invisibles. Pour comprendre mon monde, j'ensorcelle les gens afin d'activer leurs yeux du cœur et comprendre le monde autrement. C'est cette passion que je transmets aux filles et garçons du Niger. Scolarisés, non scolarisés et déscolarisés à travers ma boîte de production à caractère social Tabou Production ».

« Je forme et je fais du plaidoyer pour trouver des bourses d’études et du matériel à des jeunes méritants qui se distinguent lors des petits concours qu’on organise », assure-t-elle.

Biographie

Aïcha Macky est née en 1982 à Zinder. À l'âge de cinq ans, sa mère meurt à la suite d’un accouchement. Elle est alors élevée par la première épouse de son père. Issue d’une famille de leaders religieux de Zinder, elle fréquente parallèlement l’école coranique et l’école moderne jusqu’à la fin de son cycle au lycée.

Après une maîtrise de sociologie option rurale à la Faculté des lettres et sciences humaines (FLSH) de l’Université Abdou-Moumouni deNiamey, Aïcha Macky investit le cinéma trouvant dans ce média comme un moyen de s’adresser à toute la population y compris la population analphabète.

Elle fréquente le Forum Africain du Film Documentaire (FAFD) de Niamey et y reçoit une bourse qui lui permet de passer un Master I en Audiovisuel et réalisation obtenu à l’Institut de Formation en Technique de l’Information et de la Communication (IFTIC) de Niamey, puis un master II en Réalisation et documentaire de création à l’Université Gaston-Berger à Saint-Louis (Sénégal).

Carrière cinématographique

Aïcha Macky se dit "socioréalisatrice" et se réclame, dans sa pratique, de Jean Rouch et d’Inoussa Ousseini SOUNTALMA.

En 2011, son premier court métrage "Moi et ma maigreur" porte sur la perception du corps mince et du lien que fait la société avec le sida. Un prétexte pour aborder la question du gavage que font les femmes pour avoir des rondeurs et être femmes «  épousables ». Puis en 2013, le court métrage "Savoir faire le lit", sur le manque de dialogue entre mères et filles au Niger concernant l'éducation sexuelle. Ses premiers courts-métrages sont réalisés dans le cadre de son parcours d’école.

En 2016, elle réalise son premier long métrage "L'Arbre sans fruit" abordant le combat d'une femme présumée infertile, une autobiographie. Le film, acclamé par la critique internationale et présenté dans le monde entier remporte plus de 100 prix.

En 2021, son deuxième long métrage documentaire, "Zinder", traite de l’intérieur, la vie des "Palais", ces lieux de retrouvailles de jeunes désœuvrés et violents. Il a nécessité huit ans de travail dont deux années pour obtenir l'accord des membres du gang pour tourner ce documentaire de 82 min. Ce regard porté sur ces gangs aborde un phénomène délicat et plus général sur le rôle de la société et de la famille.

Ce film est projeté en août 2021 aux États généraux du film documentaire11. Un mois plus tard, il reçoit une mention spéciale du jury au Festival international du film de Nancy, puis le Grand prix du public au Afrika Film Festival de Cologne.

En octobre 2021, elle décroche trois prix spéciaux au FESPACO 2021. C'est à cette occasion que la documentariste burkinabè Eléonore Yaméogo suit les pas d'Aïcha Macky lors de sa préparation et durant le festival dans son film "Le Galop".

En dehors de la réalisation de films, elle fait  également de la vacation au master anthropologie visuelle à l’université Abdou Moumouni de Niamey et forme des jeunes en CVE (comment contrer l'extrémisme violent). Elle forme, depuis 2012, des jeunes au cinéma dans un programme de l'ambassade des États-Unis conduisant à la création du First film Festival, lequel permet à des jeunes de montrer leurs films et se faire découvrir du public. Elle a récemment mis en place un programme de formation en vidéographie avec smart phone à des jeunes filles non scolarisés et déscolarisés du milieu rural avec l’appui de l’UNICEF NIGER. Au FESPACO 2023, elle était marraine de la Yennenga Academy, un programme de rencontres permettant à quinze apprentis cinéastes de mieux connaître leur profession16. Elle y fait également partie du jury Documentaire long-métrage.

Filmographie

2011 : Moi et ma maigreur, court métrage

2013 : Savoir faire le lit [archive], court métrage

2016 : L’Arbre sans fruit, long métrage

2021 : Zinder [archive], long métrage

Quelques Prix et distinctions

Pour L'Arbre sans fruit :

2016 : Africa Movie Academy Awards (AMAA) (11 juin à Port Harcourt, Nigeria) - Prix du documentaire

2016 : Young African Leaders Initiative (YALI) - Prix des anciens

2016 : Aux Écrans du Réel, Le Mans - Prix du Jury & Prix du public

2016 : Les escales documentaires de Libreville - Mention spéciale Grand Prix Charles Mensah

2016 : Lumières d'Afrique, Besançon - Mention spéciale du Jury

2016 : Festival Premier Doc ChrOma, Le Mans - Prix du Jury & Prix du public

2016 : Festival du documentaire arabe-africainde Zagora (8-12 nov, Maroc) - Premier Prix Documentaire

2016 : 35e Festival International Jean Rouch (cinéma ethnographique), 4 nov. -6 déc, Musée de l'Homme, Paris - Prix du PREMIER FILM et Prix FLEUR DOC

2016 : Golden Tree Intl. Documentary Film Festival, 16-18 oct, Francfort - Meilleur documentaire catégorie moyen métrage

2016 : Festival international du film de femmes de Salé, (23 sept.- 3 oct, Maroc) - Meilleur documentaire

2016 : FESTICAB, Festival cinéma & audiovisuel, Burundi, 17- 24 juin, - Meilleur film documentaire

2017 : Trophées Francophones du Cinéma (long métrage documentaire)

2017 : Étoile de la SCAM (Sunny Side of the Doc)

2017 : Festival Cinémas d'Afrique, (16 - 21 mai, Angers) - Prix du Public & Prix Jury Jeune - Meilleur court métrage

2017 : Mashariki African Film Festival, My story, My passion, My Journey, Kigali - Best AfricanDocumentary.

Pour Zinder :

2021 : Festival international du film de Nancy: mention spéciale12

2021 : Festival international du film de Cologne : Grand prix du public12

2021 : FESPACO 2021 : Prix de la femme cinéaste de la CEDEAO, Prix spécial femme ambassadrice de la paix de l'Agence française de développement et Mention spéciale du Conseil de l'entente.

Distinctions

Chevalière de l’ordre des Arts et des lettres par la République française (2017)

Chevalière des Palmes Académiques de la République du Niger( 2018).

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