Le pouvoir militaire en place au Niger multiplie les mesures sociales depuis quelques mois. Ces mesures sont censées atténuer le malaise économique que vivent les populations depuis l’enveniment des relations entre le pays et plusieurs de ses voisins notamment ceux avec lesquelles nos échanges commerciaux sont les plus importants et surtout impactent le plus le quotidien de la majorité des citoyens et résidents du Niger.
La fermeture de la frontière entre le Niger et le Bénin a entamé durablement l’économie nigérienne. Les rapports difficiles avec les autorités nigérianes ont fait multiplier les tracasseries sur les axes routiers pour les convois à destination ou en partance du Niger. L’étau se resserre chaque jour davantage sur l’économie de notre pays en y faisant peser un risque énorme.
D’abord le blocus quasi hermétique entre les deux pays suivi de la réouverture du corridor entre le Bénin et le Nigéria à Ségbana l’impact sera plus accru. Si par le passé, le passage par le fleuve atténuait le blocus en permettant la traversée des marchandises et surtout des personnes, ceci n’est plus possible aujourd’hui.
D’une part la bouffée d’oxygène qu’offrait la voie pluviale n’est plus. D’autres part, le flux de marchandises qui rentraient par Gaya et qui avaient pour destination finale le nord Nigéria a désormais un autre corridor via la ville béninoise de Ségbana pour entrer dans l’état fédéré de Kebbi. Ce qui prive le Niger des retombées sur le transit tout en entamant sérieusement l’activité économique de certaines villes comme Maradi.
En effet, selon des sources 60% à 80% de la force économique de cette ville tient aux échanges avec le Nigéria. Une bonne partie de cette intense activité est à la réexportation de produits manufacturés déchargés dans le port de Cotonou et convoyés via le corridor Parakou-Gaya-Dosso-Maradi. Déjà meurtries, les populations nigériennes qui seront les plus impactées dans les régions de Dosso, Tahoua, Maradi, Zinder et Diffa, en raison des limitations des échanges dues aux sanctions, qu’en sera-t-il si l’arrêt totale des importations et exportations via le Bénin se prolonge?
La région de Tahoua dont l’économie a pris un énorme coup en raison des pertes dans la commercialisation de la production d’oignon la saison dernière aura forte à faire pour satisfaire ne serait-ce que la consommation nationale cette année.
Ce sont là quelques interrogations qui ne cessent de tarauder les esprits et qui ne trouvent point de réponses dans l’action du gouvernement de la république pour laquelle ils ont enduré et supporté tant de privations et de souffrance.
Les autorités nigériennes devraient songer à trouver des solutions d’atténuation du calvaire des populations. Mettre à terre les activités de la capitale économique ne va dans ce sens, pensent plusieurs analystes.
Tanko Abarchi