Quand le Président du conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le Général Abdourahamane Tiani promettait aux Nigériens une souveraineté alimentaire dans le pays, au lendemain de sa prise de pouvoir, ce qu’il était sûr d’avoir plusieurs forces de frappe pour y arriver.
L’office des produits vivriers du Niger (OPVN) se situe au premier rang des acteurs sur lesquels compte le Chef de l’Etat pour réaliser ce vœu. Et aujourd’hui, au regard des nombreuses opérations menées par cette structure étatiques en si peu de temps, notamment dans un contexte difficile pour les nigériens (à cause de la fermeture des frontières, de l’insécurité et des inondations), l’on se rend compte que le Président du CNSP ne s’est pas trompé en comptant sur celle-ci, encore moins sur le choix du nouveau patron de cette structure, à savoir le Colonel-major Mohamed Sidi.
Ce dernier, également membre de l’organe suprême de la transition au Niger, le CNSP, est conscient de ce que le Chef de l’Etat attend de lui.
« Les directives du chef de l’Etat pour l’office des produits vivriers du Niger (OPVN) sont claires : l’OPVN se doit d’être un véritable outil de souveraineté alimentaire », a affirmé el Colonel-major Mohamed Sidi, faisant référence à la lettre de mission qui lui a assignée le Président Tiani.
Au passage, a informé le Directeur général de l’OPVN, « le Président du CNSP a donné des directives claires au trésor public, à travers le ministère des finances pour que des subventions conséquentes soient faites au profit de l’OPVN » afin de réalisation sa mission.
Du coup d’essai au coup de maître
Pour mieux financer les activités de l’OPVN, a indiqué son Directeur général, l’Etat a pris un engagement très fort auprès de la holding Coris Bank pour un prêt de 25 milliards en trois jets dont un premier de 10 milliards, un deuxième de 10 milliards et le troisième de 5 milliards.
« Nous avons déjà reçu le premier jet de 10 milliards avec lequel nous avons couvert les dépenses concernant la vente à prix modéré 2024 dont le tonnage global s’élève à 120.000 tonnes de céréales », et « la première vente à prix modéré a été lancée dans le département de Fillingué dans la région de Tillabéri couplée avec le festival Dokin Iska Dan Fillingué », a informé l’officiel nigérien.
« Après ça, nous avons également relancé la deuxième phase à Tchintabaraden lors des festivités entrant dans le cadre de la fête de la flamme de la paix », a-t-il poursuivi, avant d’indiquer que « cette vente à prix modéré s’est élargie sur l’ensemble du territoire national ».
Selon lui, cette vente a permis de faire face aux tensions de déficit alimentaire dans beaucoup des régions du pays en proie à l’insécurité et/ou frappées par les dernières inondations qui ont ravagé une partie des cultures.
Avant cette opération, rappelle-t-on, le pays a connu une période de rareté ou de cherté des produits vivriers suite à l’embargo qui lui a été imposé par la CEDEAO suite au coup d’Etat du 26 juillet 2023.
« Nous avons fait face à un embargo sauvage qui nous a été imposé par la CEDEAO et certains pays voisins ainsi que la France, ce qui a réduit drastiquement l’importation des vivres et des céréales en direction de notre pays », a-t-il dénoncé, avant d’indiquer que « face à cela, grâce à la vision du Chef de l’Etat, nous avons trouvé un couloir de passage qui relie Lomé à Niamey, via le Burkina Faso, précisément le corridor Kaya-Dori, puis Dori-Tera et c’est par ce moyen que presque toutes les importations de l’extérieur parviennent au Niger ».
« A l’intérieur du pays, nous avons des céréales, surtout de première nécessité qui sont le mil, le maïs et le sorgho qui sont disponibles, même si à une certaine période, nous avons connu une surenchère du riz sur nos marchés et une rupture totale de ce céréale qui est beaucoup consommé dans notre pays parce que certains commerçants de notre pays ont sciemment voulu que notre pays soit asphyxié et que les concitoyens n’aient pas accès à ces denrées », a-t-il souligné.
« A cet effet, la réponse de l’OPVN a été immédiate. Il a, en effet, acheté du riz de l’extérieur et en très grande quantité afin de répondre aux besoins des populations. C’est pour cela que le ministre délégué aux finances, le ministre du commerce et le directeur général de l’OPVN ont effectué une mission à Ouagadougou et à Lomé pour l’achat de ce céréale », a renchéri le Colonel-major.
Selon la même source, le pays a acheté 60.000 tonnes de riz au Togo et 21.500 tonnes au Burkina.
« A l’heure où je vous parle, ces différents tonnages sont sur le corridor à destination du Niger et certains sont déjà parvenus », a informé le Directeur général, selon qui « ceci est la deuxième grande opération que nous avons programmée sur fonds propre de l’Etat ».
« C’est la première fois dans l’histoire du Niger que les achats directs de riz sont faits et dans la même lancée », a-t-il commenté.
Selon M. Sidi, en dehors du riz importé, l’OPVN a fait également une acquisition de 30. 000 tonnes de riz local auprès de la société ‘’Riz du Niger’’.
« La troisième opération c’est celle d’achat direct auprès des paysans de toutes les régions aux sorties des récoltes. Cette opération va permettre aux paysans d’avoir des revenus qui leur permettront de préparer la saison prochaine mais également de faire en sorte que ce céréale ne soit pas revendu à des commerçants véreux qui vont les revendre quelques mois plus tard à des prix très élevés ».
Quad la souveraineté alimentaire prend forme
Depuis l’arrivée au pouvoir du CNSP, l’OPVN a fait beaucoup de reformes pour assurer la disponibilité à tout moment des ressources financières pour acheter les vivres et ravitailler tous ses magasins sur l’ensemble du territoire national, selon son premier responsable.
« Aujourd’hui, nous avons suffisamment de céréales sur l’ensemble du territoire national et ces acquisitions et ces reconstitutions des stocks de l’OPVN ont également permis de faire face aux inondations en mettant à la disposition des sinistrés, des céréales sur fonds propre de l’Etat », s’est réjoui Sidi Mohamed.
Ce qui fait surtout sa fierté, comme il l’a souligné, ce qu’aucun « partenaire n’a apporté son aide pour acheter les céréales et mettre à la disposition de nos concitoyens ».
« Cela fait partie de la vision du Chef de l’Etat depuis le 26 juillet 2023, qui consiste à tout faire de nous-mêmes sur fonds propre de l’Etat et faire en sorte que tout ce que nous allons faire soit fait par les nigériens et pour les nigériens », a-t-il ajouté.
« C’est pour cela que l’OPVN, en tant qu’outil de souveraineté alimentaire est le premier axe qui supporte la vision claire du Chef de l’Etat, c’est-à-dire faire en sorte que les nigériens puissent avoir suffisamment de quoi manger et vaquer à leurs occupations », a-t-il ajouté.
Pour atteindre la souveraineté alimentaire, le Chef de l’Etat nigérien compte également sur plusieurs autres acteurs comme l’ONAHA pour la mise en œuvre du projet ‘’grandes irrigations’’. Et le Colonel-major Sidi le reconnait.
« En ce qui concerne le projet des grandes irrigations, c’est un projet phare de la vision du Chef de l’Etat ainsi que du CNSP, du gouvernement et de notre premier ministre pour que tous les aménagements hydroagricoles soient réhabilités, pour que des moyens soient mis à la disposition des paysans, pour qu’ils puissent produire des céréales au-delà du riz, tels que le sorgho, le maïs et même le mil, en dehors des saisons pluvieuses, pour atteindre une autosuffisance alimentaire », a-t-il déclaré.
« Ce projet a déjà commencé à Diffa par les aménagements de Diffa qui sont actuellement presque terminés. Après ceux-ci, d’autres aménagements vont suivre sur l’ensemble du territoire national », a fait savoir le membre du CNSP.
Selon lui, « cette vision du Chef de l’Etat n’est pas une propagande comme ‘’les 3N’’, mais plutôt de la réalité car tout est visible sur le terrain, les grands aménagements sont en train d’être travaillés pour être mis à la disposition des paysans », a poursuivi l’officier supérieur de l’armée.
« Nous sommes un pays à forte potentialité hydrique et nous avons également des terrains qui sont très riches et partout où on pourra cultiver. Cela relève certes plus du ministère de l’agriculture, notamment l’office des aménagements hydro-agricoles (ONAHA) qui a les aménagements et qui fera en sorte que l’autosuffisance alimentaire soit une réalité dans notre pays, mais l’OPVN est aussi partie prenante de tous ces projets », a-t-il clarifié.
Le Directeur général de l’OPVN s’est dit, par ailleurs, écœuré de voir certains commerçants augmenter le prix du riz malgré sa disponibilité dans le pays.
« Nous avons constaté que certains commerçants ont injustement rehaussé le prix du riz. Face à cette situation, la réponse du CNSP est claire : le Chef de l’Etat nous a déjà instruits pour que le riz soit acquis et vendu à 13.500 FCFA pour stabiliser le prix du riz notamment », a-t-il lancé.
Cependant, a-t-il relativisé, l’objectif, et la vision du Chef de l’Etat, n’est pas de provoquer une mévente au niveau des commerçants, mais plutôt une façon de faire en sorte que les prix soient stabilisés et que tous nos concitoyens aient accès à ce céréale, « et c’est pour cela que le riz a déjà commencé à être mis en vente à Niamey à ce prix demandé », a indiqué le Colonel-Major Sidi.
« Je profite pour lancer un appel à nos commerçants d’avoir un élan de patriotisme et de solidarité à l’égard de tous nos concitoyens car pour avoir une souveraineté, il faut qu’il ait de cohésion totale entre tous les citoyens. Il faut vraiment que les commerçants revoient leurs prix », a conclu le Directeur général de l’office des produits vivriers du Niger.
Mahamane Sabo Bachir
Le pouvoir militaire en place au Niger multiplie les mesures sociales depuis quelques mois. Ces mesures sont censées atténuer le malaise économique que vivent les populations depuis l’enveniment des relations entre le pays et plusieurs de ses voisins notamment ceux avec lesquelles nos échanges commerciaux sont les plus importants et surtout impactent le plus le quotidien de la majorité des citoyens et résidents du Niger.
La fermeture de la frontière entre le Niger et le Bénin a entamé durablement l’économie nigérienne. Les rapports difficiles avec les autorités nigérianes ont fait multiplier les tracasseries sur les axes routiers pour les convois à destination ou en partance du Niger. L’étau se resserre chaque jour davantage sur l’économie de notre pays en y faisant peser un risque énorme.
D’abord le blocus quasi hermétique entre les deux pays suivi de la réouverture du corridor entre le Bénin et le Nigéria à Ségbana l’impact sera plus accru. Si par le passé, le passage par le fleuve atténuait le blocus en permettant la traversée des marchandises et surtout des personnes, ceci n’est plus possible aujourd’hui.
D’une part la bouffée d’oxygène qu’offrait la voie pluviale n’est plus. D’autres part, le flux de marchandises qui rentraient par Gaya et qui avaient pour destination finale le nord Nigéria a désormais un autre corridor via la ville béninoise de Ségbana pour entrer dans l’état fédéré de Kebbi. Ce qui prive le Niger des retombées sur le transit tout en entamant sérieusement l’activité économique de certaines villes comme Maradi.
En effet, selon des sources 60% à 80% de la force économique de cette ville tient aux échanges avec le Nigéria. Une bonne partie de cette intense activité est à la réexportation de produits manufacturés déchargés dans le port de Cotonou et convoyés via le corridor Parakou-Gaya-Dosso-Maradi. Déjà meurtries, les populations nigériennes qui seront les plus impactées dans les régions de Dosso, Tahoua, Maradi, Zinder et Diffa, en raison des limitations des échanges dues aux sanctions, qu’en sera-t-il si l’arrêt totale des importations et exportations via le Bénin se prolonge?
La région de Tahoua dont l’économie a pris un énorme coup en raison des pertes dans la commercialisation de la production d’oignon la saison dernière aura forte à faire pour satisfaire ne serait-ce que la consommation nationale cette année.
Ce sont là quelques interrogations qui ne cessent de tarauder les esprits et qui ne trouvent point de réponses dans l’action du gouvernement de la république pour laquelle ils ont enduré et supporté tant de privations et de souffrance.
Les autorités nigériennes devraient songer à trouver des solutions d’atténuation du calvaire des populations. Mettre à terre les activités de la capitale économique ne va dans ce sens, pensent plusieurs analystes.
Tanko Abarchi
L’entreprise pétrolière algérienne Sonatrach (Société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation, et la commercialisation des hydrocarbures) a annoncé, mercredi 7 août 2024, la reprise de ses activités au niveau du champ pétrolier le bloc Kafra au Niger, indique un communiqué du groupe.
Le communiqué fait suite à une mission ministérielle algérienne à Niamey conduite par le ministre du pétrole et des mines, M. Mohamed Arkab, au cours de laquelle plusieurs échanges ont eu lieu avec les autorités nigériennes.
Suite à une réunion bilatérale présidée par le Premier ministre nigérien Mahaman Ali Lamine Zeine, le même jour, M. Arkab a indiqué avoir présenté à la partie nigérienne l’objectif de sa visite, qui est essentiellement le renforcement de la coopération dans le domaine des hydrocarbures.
« Nous avons présenté le projet Kafra dans tous ses détails et nous sommes engagés de mettre tous les jalons de réussite pour le projet afin de le réaliser dans le délai », a-t-il annoncé.
Kafra, note-t-on, est un bloc pétrolier nigérien situé près de la frontière avec l’Algérie.
Le Ministre Algérien en charge du Pétrole a par la suite révélé qu’ils ont aussi présenté un peu l’étape où ils en sont par rapport à la prise en charge du projet Gazoduc transsaharien qui relie le Niger, le Nigeria et l’Algérie.
« Nous avons discuté ce matin avec le ministre nigérien du pétrole pour mettre en place un plan d’action pour réussir tous les projets qu’on est en train d’entreprendre actuellement au Niger, entre le Niger et l’Algérie, et entre Sonatrach et la Sonidep ».
Le gazoduc transsaharien devrait relier à partir de 2027, le Nigeria à l'Algérie en passant par le Niger pour transporter du gaz naturel vers l'Europe, rappelle-t-on.
L’émissaire d’Alger a aussi indiqué que les deux pays vont travailler ensembles pour que la Sonatrach accompagne la Sonidep (société nigérienne de produits pétroliers) dans le but d’avoir deux compagnies nationales (Sonatrach et sonidep) sur le même niveau opérationnel dans le domaine des hydrocarbures.
Le ministre nigérien en charge du pétrole, M. Mahaman Moustapha Barké s’est réjoui d’entendre que tout ce qui a été prévu dans le cadre du projet Kafra va être exécuté dans le délai.
Il par ailleurs assuré que « nos équipes techniques sont actuellement en train de travailler pour qu’un planning concret soit établi avec un comité de suivi pour éviter une perte du temps comme ça été constaté par le passé ».
Le Niger est un producteur marginal de pétrole qui envisage cependant d’augmenter la part du combustible dans son PIB d’environ 5 % actuellement à 24 % en 2025. L’arrivée en production de nouveaux projets pétroliers permettra l’atteinte de cet objectif.
Quant à l’Algérie, elle se situe au 4ème rang des producteurs africains du pétrole, avec une production journalière de 977 000 barils.
En 2015, les deux pays voisins ont signé un deal d’exploration qui a permis de découvrir deux gisements d’huile dans les puits KFR-1 et KFRN-1, respectivement évalués à 168 millions de barils et 100 millions de barils.
Bachir Manzo