Seize (16) mois après leur arrivée au pouvoir, les militaires nigériens n’ont pas encore parachevé l’installation de leur pouvoir. Bien que des institutions telles que la Coldeff, le FSSP, la Cour d’Etat aient vu le jour et fonctionnent régulièrement, l’organigramme demeure jusqu’ici incomplet.
Le premier organe auquel l’on pense et qui n’est pas encore installé, c’est l’organe législatif de la transition. Annoncé par le chef de l’Etat, le Général de brigade Abdouramane Tiani, cet organe permettra d’associer les divers acteurs et couches du pays à la marche de la transition. Toutefois, des récentes correspondances officielles tendent à confirmer l’imminence de la convocation du dialogue national inclusif. Ce dernier sera-t-il l’organe législatif ou en sera-t-il le point de départ à l’instar du vœu du chef de l’Etat ? Ce dernier a au cours d’une interview laisser comprendre que les instances de la transition, sa durée ainsi que ses objectifs seront fixés par un forum national.
En cette ère du numérique marquée par le pouvoir des technologies de la communication, des technologies disruptive mais aussi de la guerre de l’information, aucun pays ne peut valablement prétendre jouer sa partition dans un monde globalisé et protéger au mieux ses intérêts sans disposer d’instances à même de réguler ces secteurs. Autant l’ARCEP continue d’agir autant l’autorité de régulation de la communication reste amorphe. Amputé de son organe décisionnel, l’administration de l’ancien Conseil Supérieur de la Communication ne peut prétendre agir au mépris des textes de la République. C’est en effet, au Conseil qu’il revient de prendre les décisions au nom de la république et de l’intérêt national. Et toutes les transitions antérieures ont pris le soin de mettre en place un tel organe. Celle actuellement en cours ne saurait s’offrir le luxe de s’en passer au risque d’inéluctables conséquences.
L’on peut poursuivre l’énumération des institutions et leur importance pour la marche actuelle de notre pays qui n’ont pas encore été mises en place mais préférons nous nous en tenir à celles-ci pour des raisons de concisions. Toutefois cela ne diminue en rien la portée de l’inquiétude partagée par nombre de citoyens.
D’une part la mise place de tous les organes de la transition signifie son installation effective et qu’elle peut désormais dérouler l’agenda qui est le sien car disposant désormais de tous les moyens légaux pour remettre le pays sur les rails. Plus aucune place ne sera faite à l’improvisation ou autres hésitations qui ont fait croire à certains acteurs nationaux ou étrangers qu’ils sont à même d’imposer leurs agendas au CNSP mais surtout renvoient à l’opinion le signal d’une faible organisation incapable d’assumer pleinement le pouvoir d’état puisque ne disposant pas encore des bras actifs dans bien de démembrement de l’appareil étatique.
D’autres parts lesdits organes de la transition permettront un plein exercice du pouvoir tout en rassurant les citoyens qu’aucun pan de l’appareil étatique n’est laissé vacant et se faisant contribuer fortement à accroitre la confiance de la population dans la transition.
T. Abarchi
« Je condamne le coup d'Etat intervenu, au Niger, le 26 Juillet 2023 », écrit l’ancien Président de la République du Niger Issoufou Mahamadou, dans une lettre adressée au comité d’attribution du Prix MO Ibrahim, dont il est récipiendaire pour l’année 2020.
Au paravent, l’ancien Chef de l’Etat n’avait jamais condamné publiquement le renversement de son prédécesseur Mohamed Bazoum par le Général Abdourahamane Tiani, nouvel homme fort de Niamey depuis ce coup d’Etat.
Plusieurs fois accusé de mèche avec le tombeur de son camarade politique de plus de 30 ans, Issoufou a toujours nié son implication dans le renversement du régime qu’il a aidé à s’installer.
Cependant, les enfants de Bazoum, ainsi que son entourage politique voient en Issoufou ‘’l’instigateur’’ principal de la chute du 10ème Chef d’Etat nigérien. Cette thèse est également entretenue par l’ancien ambassadeur de France au Niger, Silvain Itté, alors en poste à Niamey, à l’époque des faits.
Alors que l’ancien Président Bazoum est toujours surveillé au Palais de la Présidence par les militaires au pouvoir, de même que son épouse Hadiza, Isoufou Mahamadou dit avoir œuvré pour leur libération.
«(…) j'ai condamné, dans des termes appropriés et adaptés à la situation, les événements du 26 Juillet 2023. Cette condamnation était traduite dans le tweet suivant, en date du 30 Juillet 2023: depuis le 26 Juillet dernier, notre pays est entré dans une phase difficile de son histoire », écrit-il.
Avant de soutenir que « face à cette situation grave qui le secoue, je me suis employé par diverses voies, à trouver une sortie de crise négociée permettant notamment de libérer le Président Mohamed Bazoum et de le restaurer dans ses fonctions. Tant qu'il y a un espoir d'y parvenir je poursuivrai sur cette voie... », rappelle-t-il dans sa missive.
Accusation contre la CEDEAO
Selon l’ancien Chef de l’Etat, sa ‘’tentative’’ de sortie de crise « a été, malheureusement, compromise du fait de la décision de la CEDEAO d'intervenir militairement au Niger », avant de marteler son ‘’opposition’’ « contre toute violence, notamment contre toute intervention extérieure de nature à déstabiliser le pays et donc à aggraver sa situation ».
Bachir Manzo